General Electric a indiqué lundi que la Commission européenne avait suspendu momentanément son enquête sur son rachat pour 12 milliards d´euros du pôle énergie du fleuron français Alstom et s´est dit prêt à des concessions pour obtenir le feu vert de l´UE.
"La Commission européenne nous a notifié qu´elle avait temporairement arrêté sa montre dans la procédure d´enquête" concernant Alstom, a indiqué le groupe de Fairfield (Connecticut, est) dans un courriel transmis à l´AFP. Pour l´instant GE se veut optimiste : "c´est une étape procédurale et nous nous attendons à ce que la montre reparte cette semaine".
Ce fâcheux contre-temps pourrait toutefois bouleverser le calendrier arrêté, qui prévoit une finalisation de l´opération au second semestre, avec un feu vert de Bruxelles d´ici le 6 août. En effet, même si la Commission reprenait l´examen du dossier GE-Alstom "cette semaine" comme l´affirme GE, sa décision n´interviendrait pas avant mi-août, reconnaît Seth Martin, un porte-parole de GE. "Ce serait aux alentours du 20 août", calcule-t-il.
Le groupe américain, qui a fait d´Alstom une pièce essentielle pour son retour à ses racines industrielles, se dit prêt à des concessions pour éviter un veto de l´UE. "Nous sommes prêts à explorer des remèdes pour finaliser cette opération" mais "ils doivent préserver les fondamentaux économiques de l´accord", affirme le conglomérat.
Seth Martin a souligné que le groupe n´avait pas encore décidé s´il allait ou pas procéder à des cessions d´actifs pour contenter les régulateurs européens. "Nous ne sommes pas encore entrés dans le détail des concessions parce qu´on n´a pas encore reçu la déclaration d´objections de l´UE", a-t-il expliqué.
La Commission européenne a ouvert le 23 février une enquête approfondie sur la vente du pôle énergie d´Alstom à GE. Elle estime que cette opération à 12 milliards d´euros pourrait poser des problèmes de concurrence sur le marché des turbines à gaz de haute puissance. Celui-ci ne compte que quatre concurrents au niveau mondial : GE, Alstom, Siemens et Mitsubishi Hitachi Power Systems (MHPS).
Gardienne de la concurrence en Europe, la Commission craint que cette opération conduise à une hausse des prix, un choix réduit pour les consommateurs et à une moindre innovation dans le secteur. La semaine dernière, le PDG de GE Jeffrey Immelt a rencontré à Bruxelles la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager. "Nous avons un dialogue constructif et nous nous focalisons sur une issue heureuse qui préserve les fondamentaux économiques de l´accord", souligne-t-on chez GE.
Le groupe américain veut éviter une répétition du scénario de 2001 qui avait vu sa décision d´acquérir pour 42 milliards de dollars son compatriote Honeywell être bloquée par les régulateurs européens.