"Il y a longtemps que la place prise par Napoléon Bonaparte dans l´imaginaire national m´intrigue. Longtemps que je m´interroge sur la gloire qui s´attache à son nom. Longtemps que je suis frappé par la marque qu´il a laissée dans notre histoire.
Mon essai est celui d´un homme politique, informé des ressorts du pouvoir et animé d´une certaine idée de ce que sont, à travers le temps, les intérêts de son pays. J´ai eu envie de faire partager à des lecteurs un cheminement qui part d´une période cruciale de l´histoire de France et me conduit jusqu´à nos jours, afin d´éclairer certains aspects du présent. Je ne m´inscris ni dans la "légende dorée" ni dans la "légende noire" de Napoléon. La gloire de l´Empereur est une évidence à laquelle je ne saurais porter atteinte.
Je ne discute pas le génie du personnage, le talent du soldat, la puissance de travail de l´administrateur ni même le brio du propagandiste. J´examine si les quinze années fulgurantes du trajet du Premier Consul et de l´Empereur ont servi la France. Si elles ont été fructueuses pour l´Europe. A mesurer l´écart entre les ambitions proclamées, les moyens déployés, les sacrifices exigés et les résultats obtenus, la réponse est non. L´Empire de Napoléon Ier, puis le second Empire, se sont achevés sur des désastres. Le général Boulanger dans l´opposition et le maréchal Pétain au pouvoir, qui peuvent être apparentés au bonapartisme, n´évoquent pas de souvenirs glorieux. Pourtant, on continue à se référer au bonapartisme de manière souvent flatteuse. J´ai voulu voir pourquoi".