Le but de l´initiative: «évaluer les politiques de crédit et d´investissement des cinq plus grandes banques françaises» à la lumière de très nombreux critères que l´on pourrait qualifier «d´éthiques». Oxfam pose une question: votre banque prend-elle en compte certains aspects dits de «responsabilité sociale et environnementale» dans ses décisions de financement ou de crédit?
L´ONG a effectué des recherches en fonction de différents thèmes: changement climatique, armes, environnement, droits humains, fiscalité et corruption, droit du travail, rémunérations et bonus. Elle a attribué des notes qu´elle propose de visualiser via de petits émoticônes de différentes couleurs et plus ou moins souriants.

Les engagements en matière de responsabilité sociale et environnementale du Crédit agricole, de Banque populaire-Caisse d´épargne, de BNP-Paribas, de la Société générale et de CIC sont passés au crible. La plupart des grandes banques mettent en avant sur leurs sites l´importance que revêt pour elles le respect de principes éthiques. «Face aux grands enjeux de développement durable, chaque entreprise a une responsabilité. Notre activité nous place au cœur du système», peut-on lire par exemple sur le site de BNP-Paribas. L´idée de Fairfinance est d´aller voir plus loin que l´argument commercial. Comment ces engagements publics sont-ils concrètement appliqués par ces banques, dans toutes leurs activités; et pas seulement celles qui sont labellisées «éthiques»? «Car souvent il existe un écart entre ce qui est dit et ce qui est fait», argumente Alexandre Naulot, responsable des questions financières chez Oxfam.
Les crédits aux entreprises, le financement de projets, les investissements pour compte propre et la gestion d´actifs pour le compte de tiers sont passés à la moulinette: «Nous nous sommes penchés sur l´ensemble des documents publics fournis par les banques, explique Alexandre Naulot. Les rapports RSE, les rapports financiers, les politiques sectorielles.»
Ce que cherche à faire Oxfam avec Fairfinance, c´est avant tout «d´informer les citoyens»afin qu´ils interpellent leurs banques «pour leur demander d´améliorer leur responsabilité sociétale et environnementale».
Fairfinance liste donc méthodiquement, pour chaque banque, quelles déclarations, quels principes ont été signés. Car «depuis 2008-2009, les banques adoptent de plus en plus de conventions internationales collectives», nous apprend Alexandre Naulot. BNP-Paribas, Crédit agricole et la Société générale en signent à la pelle. BPCE ou CIC par contre sont à la traîne (mais CIC a moins d´activités internationales).
Comment les engagements internationaux signés par les banques sont-ils appliqués? C´est la question posée par Oxfam qui souhaite analyser «les effets de ces engagements sur l´investissement réel».
Depuis plusieurs années, les institutions bancaires développent ce qu´elles nomment des«politiques sectorielles d´investissement» dans des pans de l´économie jugés «critiques». Là encore, il s´agit «d´inclure des critères sociaux et environnementaux dans les politiques de financement», pour citer le site du Crédit agricole. Quelques exemples: le Crédit agricole a développé des politiques dans le domaine des centrales thermiques au charbon, du gaz de schiste, des mines et métaux et dans bien d´autres secteurs d´activité.
Cela ne veut pas forcément dire que ces banques excluent de financer de telles activités mais qu´elles proposent de s´appliquer à elles-mêmes un cadre restrictif qui devrait baliser les choix d´investissement.
Pour Oxfam, ce n´est pas suffisant. «Ces politiques sont souvent vagues, elles contiennent beaucoup de déclarations peu précises du type ´´nous réduisons notre empreinte écologique´´. Mais la plupart ne calculent pas leur empreinte carbone ni ne s´engagent à sortir du charbon.» Le charbon est bien le dada d´Oxfam. Le clou sur lequel l´ONG tape en cette année de conférence de Paris sur le climat, car on parle de l´énergie la plus polluante de la planète. Et que les banques françaises, toujours selon Oxfam, s´appuyant sur un rapport de Backtrack, ont financé à hauteur de 30 milliards d´euros ce secteur polluant entre 2005 et 2014.